Mémoire orangée

Publié le par blabladenana

Elle est revenue, comme ça, l'air de rien, au détour d'un début de nuit, là où je ne l'attendais pas.

Les premières sensations ? Au niveau des pieds. Bêtement, par des picotements légers.

Sourire dissimulé, les yeux bien fermés, le museau retroussé, j'ai attendu bien sagement. Un peu tendue, inquiète. Un peu.

J'avais envie. De quoi, je l'ignorais. Mais j'avais envie.

Je l'ai sentie arriver, chaude et bienveillante, elle m'a enveloppée et m'a emmenée.

Magique.

Un édredon orange, une paresse sur les jambes. Je ferme les yeux. J'y suis. Dans cette chambre, dans le petit lit ajouté au fond, un peu déplacé.

Acceptée du bout des lèvres par mes grands frères. Admise au paradis de mes Dieux. Silencieuse et docile petite souris, je ne mouftais pas, peur de me faire débarquer.

Le cadet pilotait son vaisseau spatiale de son aigledon vert aux motifs de cachemire soyeux, ellipses dorées, rondes et envolées.

L'aîné commandait de son alcôve, un étrange royaume fait d'un édredon orange piqué. Dessus de lit impérial et plumé.

Le graal.

Hier, je me suis lovée dessous, dedans, dehors, partout. Enroulée façon nem, déroulée en pâte brisée. Bordélisé my way, bordé sous mes pieds, bien serré entre mes cuisses, j'ai retrouvé l'orangé. Même lourdeur, les couleurs à peine passées. Quelques bourres au pied d'une couture. Il me semble plus court, plus étroit.

J'ai grandi.

Souvenir estompé d'une vie passée.

Souvenir heureux du moment présent.

Souvenir joyeux de l'instant furtif.

Publié dans voyages

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S
<br /> Peu de souvenirs de ce style. Mais le matin, sur la terrasse de cette maison où je n'ai pas grandi, je me réinvente une enfance que je n'ai pas eu en regardant la baie de Fort de France.<br /> <br /> <br /> Là, en bas de la côte de Redoute, le petit voilier que j'amène à Rio!<br />
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