J'ai 15 ans et je vais en Harley a la fete foraine de mon quartier
Drôle de semaine. Pleine d'emotions vives et lointaines.
Du connu reconnu mais trop longtemps oublié. A l'intérieur, un joyeux et surprenant bordel. Ça monte et ça descend. Agréable et violent a la fois, ça dépend.
Diabolique.
J'explique ?
En vrai, c'est comme être au triple galop sur un cheval, sur une plage déserte.
Bon d'accord le sable tout ça c'est un peu too much, je te l'accorde. Genre image flouée a la David Hamilton, yeurk trois fois yeurk. T'as raison, ça peut coller la nausée, en plus, je déteste les robes virginales et les blondes-shampoing-Timothee. Focus plutôt sur le triple galop, attrape direct la crinière, cramponne toi, tu verras, t'as peur, mais c'est bon. Si c'est trop fort, change d'image, essaie avec les vibrations d'une Harley entre tes cuisses. Pas un scooter hein, c'est pas assez puissant, passe direct en Harley, fais moi confiance, je sais ce que je dis.
Ça ne te parle pas plus ? C'est que tu ne t'es pas laissé faire.
Allez, je t'emmène higher. Je vais te faire goûter, mais juste goûter, parce que cette émotion est mienne. Râle pas, je suis déjà bien sympa de t'en révéler une infime partie, mais c'est juste pour te rappeler combien c'est bon et te donner envie.
Laisse toi faire.
Ferme les yeux.
Vraiment. Ferme les.
Pose tes mains sur la barre en mousse de mon roller coaster.
Et imagine.
Tu viens d'arriver tout en haut du grand huit de ma fête foraine.
Plus un bruit, juste une brise légère, douce et caressante qui soulève quelques mèches de tes cheveux.
L'instant ? Une éternité ...
L'air se raréfie, le ventre se serre, souffle court.
Juste cet instant et rien d'autre.
Pas de descente encore, déguste lentement ce vertige, cet étourdissement et profite. Parce qu'il est unique.
Unique et précieux. Une chose fragile a lover contre soi et même a l'intérieur.
Demain je te parlerais peut-être de la descente mais seulement si tu es prêt, parce que la, j'ai du mal a respirer, le galop, la vitesse, tout ça, j'ai encore du mal a gérer. Alors toi, je peux comprendre, tu viens d'arriver.
Et puis, si c'est vraiment trop pour toi, on changera de manège ou je te parlerais d'autre chose, un truc genre ton premier baiser.